RETOUR DE TERRAIN – Depuis le début de la crise sanitaire du Covid-19, les mesures de distanciation sociale afin de ralentir la progression de la pandémie, dont le confinement fait partie, ont été appliquées plus ou moins sévèrement dans le monde. Provoquant un ralentissement certain de l’économie, ces mesures sont redoutées par certains, notamment à Madagascar, où la situation économique précaire et l’importante pauvreté qu’elle engendre auprès de ses habitants a poussé au déconfinement après à peine quatre semaines. Claire Bertin, pharmacienne volontaire pour PSF Suisse, raconte !
À Madagascar, les trois premiers cas positif au Covid-19 ont été déclarés le 21 mars, engendrant ainsi un décret d’Etat d’urgence le 23 mars et provoquant dans la foulée le confinement dans les régions touchées : la capitale, la région de Tananarive et la région de Tamatave dans l’Est.
Les quinze premiers jours ont été difficiles, notamment en raison des conditions de circulation limitées ou supprimées. Les taxi-brousses ou les barrages sanitaires ont par exemple créé des retards importants dans l’approvisionnement de médicaments et dans leur acheminement dans les centres de santé et dispensaires. Lorsque l’on pense aux difficultés de base liées à la circulation dans ces zones, en raison de l’inexistence des routes parfois, ces mesures ont été un défi de taille pour la bonne réalisation de notre mission.
Un autre point a rapidement compliqué la situation : le confinement a isolé des personnes loin de chez eux ou les a empêché de pratiquer une activité économique, formelle ou informelle. Les petits travaux rémunérés du quotidien, souvent effectués par les populations précaires, notamment en zones rurales, ont été supprimés par manque de besoin. Des lavandières n’ayant plus à laver le linge de leurs propriétaires désormais confinés à la maison, des marchands en déroutent, des épiciers avec perte de fréquentation, des livreurs ou des chauffeurs de bus, taxis, taxibrousses… autant de métiers liés à une activité indépendante et souvent informelle ont progressivement été impactés par le ralentissement de l’activité économique. Dans ce pays où chacun cherche son pain quotidien, cette conséquence s’est ressentie rapidement et fortement.
Comme dans beaucoup d’autres pays, un exode vers les campagnes afin de se réunir avec les proches a été observé et les Malgaches se sont néanmoins retrouvés sur les routes, se déplaçant souvent à pieds, afin de fuir la capitale. Pour permettre une certaine fluidité, l’État a décidé de rouvrir les transports pendants 72h, un exercice périlleux en raison de l’important affluence dans les gares routières.
Après un mois de confinement, et au vue de cette nouvelle misère créée par ce virus, l’Etat a opté pour un déconfinement progressif et par région :
- La reprise de l’école pour les classes d’examens (les dernières années dans l’obligatoire et le post-obligatoire) le 22 avril
- La reprise partielle de l’activité des indépendants
- La réouverture des restaurants et bars avec horaire de fermeture adapté à chaque région plus ou moins confinés
- La reprise de l’école pour les élèves du primaires au 27 avril
- La réouverture progressive des instances nationales.
Depuis une dizaine de jours à Majunga, la ville où PSF Suisse développe ses activités, la population s’est remise à sortir, comme si de rien n’était. La vie reprend son cours mais il est important de ne pas oublier que ce virus court toujours et qu’il n’y a toujours pas de vaccins ou de médicaments pour le canaliser. Alors il est important de se rappeler, à Madagascar comme ailleurs, que la distanciation sociale peut continuer à s’appliquer, même sans confinement !
- Se tenir à plus ou moins 2 m de distance d’une personne
- Ne pas lui faire la bise
- Ne pas lui serrer la main
- Garder le lit et appeler un médecin si des symptômes semblent apparaître
- Se laver les mains au savon ou à la solution régulièrement
Autant de moyens différents et de gestes barrières qui ralentissent la propagation du virus. Alors protégeons-nous !