Envoi de médicaments non utilisés en situation de crise : une fausse bonne idée

Crises humanitaires et médicaments non utilisés – mise en garde

Depuis plusieurs semaines, Pharmaciens Sans Frontières Suisse (PSF Suisse) reçoit régulièrement des appels téléphoniques ou des mails l’informant du fait que des pharmacies continuent de récolter des médicaments non utilisés (MNU), rendus par leurs clients, à destination notamment du Liban. La situation dramatique que connaît l’Ukraine suscite des messages similaires.

Bien que généreux, le don de MNU représente non seulement des dangers pour la santé, mais soulève également la question des problèmes d’acheminement et des risques de détournement. Ces médicaments ne répondent très souvent pas aux véritables besoins spécifiques des populations locales et doivent être détruits dans un deuxième temps ce qui engendre des frais considérables pour les populations concernées.

C’est la raison pour laquelle, depuis 1999, PSF Suisse n’accepte pas le don de MNU et travaille exclusivement avec des fournisseurs locaux. Cela permet d’améliorer le suivi, la qualité du médicament, mais développe aussi l’activité économique locale, afin de réduire le lien de dépendance avec l’aide internationale.

La détresse des populations locales et la nécessité d’avoir accès à des soins de base exigent une réponse urgente, coordonnée et respectueuse de normes d’exigences de qualité. Nous en appelons dès lors aux pharmacies pour qu’elles n’acceptent plus les MNU remis par la population dans le but de les envoyer à l’étranger. Nous rendons également la population attentive aux risques que comporte ce geste, qui, bien que généreux, appelle à des mises en garde. En ce sens, nous en avons appelé aux pharmacies pour qu’elles n’acceptent plus les MNU remis par la population dans le but de les envoyer à l’étranger.

Quelles réponses donner à ces appels à la solidarité ?

Afin de pallier à d’éventuels risques, il est plus judicieux de s’engager auprès d’organisations ayant de solides collaborations auprès des ONGs de terrain, possèdant l’expertise nécessaire.

• Depuis cette année, PSF Suisse s’engage dans un nouveau projet d’aide humanitaire au Liban. Comme vous le savez, ce pays fait face à une pénurie importante de médicaments qui touche aussi bien les hôpitaux que les pharmacies. Dans le cadre de ce projet, PSF Suisse intervient dans les quartiers défavorisés de Beyrouth au côté d’un partenaire local et vient en aide à 400 familles vivant dans une extrême pauvreté avec l’objectif de leur permettre d’accéder à des médicaments de qualité (https://psf.ch/liban).
• Au regard de la situation en Ukraine, dont les conséquences dramatiques vont engendrer des besoins humanitaires importants, PSF Suisse vous suggère de vous diriger, ainsi que vos pharmacies et leurs clients, vers la Chaîne du Bonheur, dont l’expertise et les partenariats avec des ONG sur le terrain permettront de répondre aux possibilités d’action.
• Swissmedic prévient également la population dans ce sens-là : Retrouvez leur communication.

Veuillez retrouver ci-dessous une infographie résumant les risques d’envois de médicaments non utilisés, même en temps de crise.